Oh beh chat alors...

Samedi matin, dans le ballet du quotidien, j'ouvre ma porte pour laisser sortir le chien et entrer le chat. Gymnastique matinale : l'un s'élance vers les odeurs de la nuit, l'autre revient d'un folle chasse au mulot.
Seulement voilà, je ne sais pas si la chasse a été bonne, mais la petite boule noir qui se faufile entre mes cheville semble avoir une patte folle. Puis une fois devant son auge, je constate que c'est les 4 pattes qui sont folles.
Tour à tour, ses petits coussinets s'affolent en une danse empoisonnée. Nous n'habitons pas exactement en ville, il faut partir, embarquer les deux enfants et filer vers le vétérinaire le plus proche.
Parce que je la connais cette danse, et elle ne laisse que peu de place aux projets de vie.

Et soudain dans la voiture, alors que cette petite bête tremble dans sa cage, je m'applique à illustrer l'expression : "avoir le coeur qui se serre"!

Et pourtant. J'ai eu mon premier chat assez tôt, j'étais une gamine. Une espèce de rencontre féline du troisième type. Le genre de chat qui veille, qui accompagne, qui câline. Une bête exclusive, bien que tolérante avec les autres membres de la famille. Dans mes maisons, les chats ont toujours fait leur vie, fonctionnant un peu comme dans ces anciens corps de ferme où le minet honore sa sauvagerie et se civilise à l'heure de la gamelle et des grattouilles au coin des oreilles. Celle-ci aussi avait fait une mauvaise rencontre avec du poison. Mais elle avait tenu le choc, fidèle, solide !

Puis j'ai fini par avoir ma maison, et d'autres chats sont venus squatter les fauteuils douillets. Seulement voilà, il est de ces villages où les félins n'ont pas bonne réputation et où l'assassinat n'émeut guère. Ca, et les mâles qui quittent le navire pour aller conquérir le monde où juste une femelle du village voisin.

Bref, les chats se sont succédé, les cœurs se sont serrés, les deuils se sont faits. Mais comble du dégout, la dernière chatte à avoir mis bas dans notre maison n'a pas derogée à la morbide règle, un coup de fusil discret à eu raison de ses divagations territoriales. Restait d'elle trois chattons. Pour tenter de reserver une meilleure vie à la progéniture de la défunte, j'ai tenté de tous les donnés, dans de bonnes maisons. Mais voilà, il est resté une petite boule de poils, attachante et attachée. 

Bon ! D'accord. Alors j'ai fait le caïd, je me suis dit que je ne me laisserais pas prendre par les sentiments. Mais là, à fond dans ma petite bagnole avec ce chat qui souffre sa race dans sa cage, je ne me sent plus caïd du tout, et j'ai même l'impression que je suis en train de me prendre tous les disparus dans l'émotiomètre !

Le vétérinaire laisse peu de place à l'imagination. "Rappelez cet après-midi pour voir".

Alors on regagne le foyer, je regarde d'un oeil mauvais ses gamelles qui semblent me crier l'absence... Puis avec les enfants on décide de faire la journée et honorer le soleil si capricieux ses derniers temps. Paddle, canoë, on est presque bien. 

Puis il appel, moi j'peux pas, j'ai la bouche sèche et le cœur qui résonne dans mes tempes. Et là, j’entends sa voix qui s'allège. C'est bon, on peut aller la chercher, elle est sortie d'affaire. Remballe ton canoë, ton paddle, tes enfants et ton chien blanc, on redescend de la montagne vite vite avant que les horaires ne nous fasse la nique. 

Sur place, on retrouve un chat très comateux. Le vétérinaire nous dit que les tremblements continuerons encore un peu, et attention, elle est shootée à mort, ses réactions, même si c'est une bonne bête, peuvent être viciées.

Un fois dans la voiture on regarde tous dans cette cage, on lui parle, on lui dit qu'on est là, qu'on rentre à la maison. Et du fond de sa mescaline, voilà une tête qui se lève péniblement et sans aucune solidité, deux paupières qui s'ouvrent sur des pupilles dilatées à mort. Elle aura juste le temps de nous gratifier d'un "miaou" venu de loin, comme pour dire "c'est bon, je vous ai reconnus". 
La tête retombe tout de suite, et nous on roule. De retour à la maison, j'ouvre la cage, sans grande conviction, et là, la voilà qui se lève, marche tant bien que mal vers moi et me colle un câlin maladroit, bouffé de spasmes. Les enfants viennent, et eux aussi n'ont le droit qu'à de l'amour ! 

Aujourd'hui, les tremblements ont cessés, les pupilles sont revenues à la normale. Hier, elle s'élançait dehors après deux jours de réclusion forcée, à la poursuite d'un moineau innocent. Restera je pense cette mal adresse inédite au niveau du train arrière... Mais qu'importe, elle est là, avec nous, pour longtemps, nous l'espérons.

Je me sent un peu sotte de partager ceci. Certains diront que ce n'est qu'un chat. Je dirais que chacun choisi ses compagnons et ses tendresses involontaires. Je ne suis pas la seule, je ne serais pas la dernière.


1 commentaire:

  1. c'est touchant...
    quand je suis partie de chez mes parents, ils avaient deux chats, après la mort du second, j'ai demandé encore longtemps après, ou il était, Bipou...
    alors oui, on peut se sentir un peu sot, un peu (trop) émotif, j'aime beaucoup votre "Je dirais que chacun choisi ses compagnons et ses tendresses involontaires. Je ne suis pas la seule, je ne serais pas la dernière."
    elle est jolie, cette phrase...
    belle journée, et belle vie au chat !

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