Osons les ans.



Pour la première fois, cette fin d'année porte un goût discret de bilan. Mais rien de forcé, de gravé dans la roche, juste des constatations qui se présentent à moi, comme ça, au détour d'un gâteau chargé de bougies.
 Ainsi, à l'heure où certain ont le corps tel un alambique, j'ai passé ma journée à laisser entrer le soleil par mes fenêtres, mettre de l'ordre dans mes lieux. J'ai même pris le temps de lustrer les vitres de la petite fenêtre qui jouxte mon atelier, aux heures ou le ciel affichait des rose bonbons, des jaune tendres, des bleu glaciers. Et au loin, je distinguait les Pyrénées, captant les derniers rayons de ce premier jour. 


 Oui, j'ai remis en place tout mon espace, pour préparer les jours où j'aurais peut-être un peu moins le temps de n'être qu'avec moi-même. Mais aussi pour m'apercevoir encore un peu que les endroits que je façonnent me ressemblent bien plus que je ne le pense, que je ne le soupçonne.

  J'ai fait tout ça en pensant aux personnes qui partagent ma vie. Plus où moins lointaines, géographiquement parlant. Ces âmes, si différentes entres elles qui en disent autant sur moi que les détails qui jonchent mes lieux de vie. Avec dans le fond de l'air un sentiment de gratitude pour leur fidélité, pour le simple fait de les comptées parmi mes intimes.

 Hier était une autre année, et pour moi, le passage à un autre âge. Et m'est venue la question de savoir comment, à quel moment on peut se dire ou juste s'apercevoir qu'on à grandi ? 
De mes jeux nécessaires avec les miroirs, je ne tire pas l'image mentale que je forme de moi. Et pourtant. J'ai mis dans un album datant de 3 ans à peine, et me voilà devant la douce évidence des changements qu'opèrent les années sur mon visage. Les traits s'affirment, la forme du visage se confirme, le regard porte quelque chose de différent. Et le soleil autour de mes yeux quand le sourire se perche fait parti des indices d'une maturation certaine.

  Puis, au delà de ce que disent les photos, je considère alors ma façon d'être. Depuis 8 mois, je me suis prise à bras le coeur pour passer au dessus de tous les freins qui enchainaient ma vie. Certains, bien sur, de mon fait, d'autres en revanches, étroitement liés à mes origines. J'ai du couper, tailler, fouiller, retourner les pierres, m'y blesser les mains, débroussailler, laver, comprendre, penser à moi, me penser Moi, découvrir... C'était peut être une de ces grande construction qui se passe non sans douleur. Celle de la perte, de la rupture, de l'au revoir. Mais qu'importe si ce que j'ai traversé s'appel "tourmente", parce qu'aujourd'hui, cette naissance douloureuse m'inspire à construire, à Me construire dans la joie. Attention, l'exercice n'est pas aisé, mais la sérénité qui nait quand la vague se retire permet d'envisager cette possibilité comme bien réelle. Allons, pensez-vous vraiment que le malheur soit une fatalité ?

 Et puis, il y à ce qu'on laisse derrière soi, sans urgence, sans douleur. Ces projets, qui parfois revêtent la robe des rêves, qu'on fini par mettre enfin en place, comme des évidences à réaliser. Passer des jours à y penser, des semaines à leur donner vie... Et se rendre compte, quelques mois, quelques années plus tard, que ces choses faisaient et font encore partie de soi. Mais qu'il ne s'agissait pas là d'un élan vital, mais juste d'un rêve à rendre réel, pour se dire simplement ; "j'en était capable, je l'ai fait". Et soudain, la satisfaction d'être satisfait de soi-même. C'est porter un petit rayonnement de confiance qui aidera probablement dans les jours délicats et que personne ne pourra ternir, parce que ce qui fut ou demeure est née de vous.


  Oui, les bougies s'accumulent sur mon gâteau, m'éloignant peu à peu des affres de la vingtaine qu'on dit tellement merveilleuse, que je trouve tellement douloureuse. Et plus les bougies accueillent de nouvelles amies, et plus mes anniversaires me ressemblent, et plus j'apprend à apprécier ce jour. Ce jour redouté, au même titre que Noël, synonyme délicat de mes déceptions face aux présents qui rarement épousaient qui j'étais. Encore fallait-il le savoir ? Peut-être.

  Dans ce que je sais, modestement, du temps qui passe, c'est que les traits du visage ne sont pas les seuls à s'affirmer. Les envies se précisent. Les goûts s'affirment, le caractère aussi, probablement. J'ai cessé d'acheter des paires de chaussures que jamais je ne porterais, cessé mes excès de consommation pour combler n'importe quel vide. Puis j'ai appris à dire NON ! Et suivant le caractère qu'on traine, sachez que ce n'est pas chose évidente. Mais quel bénéfice. 

  Oui, j'ai lavé mes vitres, et j'y vois un peu plus clair pour cette année qui se présente à nous. Parce que grandir, c'est peut-être laisser sa sensibilité s'exprimer, et se rendre compte que loin d'une quelconque vulnérabilité, on ne se laisse alors toucher que par les choses qui ont vraiment une importance. Et les elements parasites qui pouvaient auparavant toucher nos cordes sensibles se retrouvent face à un mur, peut être encore un peu poreux, mais aux fondations bien plus solides. C'est peut-être ça grandir. Se former une carapace dans le seul but de pouvoir être sensible.

  Je vous souhaite une Années 2015 pleine de tout ce que la vie comporte de beau et d'essentiel. 

  Et... Pensez à OSER, personne ne le fera pour vous.

  

1 commentaire:

  1. <3 toujours dans le court et efficace car toujours pas dans la sieste nainatoire ;-) byou!

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