La petite famille à roulettes


Je raconte au compte goute, sur les réseaux sociaux,  ce que nous vivons un peu au quotidien. Les petites magies, les beaux moments, les rencontres de voyage. J'en perd le temps d'écrire pour moi seul un journal de bord. J'arrive à dessiner cependant, ce qui est tout aussi délicieux. Je reprend le temps de prendre des photos avec autre chose que mon téléphone. Mon argentique ne quitte plus mon sac, je retrouve l'angoisse de la pellicule voilée. J'ai aussi mon compact avec moi ; génération instantanée.

Ce que je raconte sur instagram est assez succinct, le format m'y contraint, et c'est très bien comme ça. C'est une façon de tirer les minutes qui ont le plus pesées dans une journée.

Je n'y raconte pas les flottements. Nous vivons depuis deux semaines sur la route, avec trois enfants, un chat fugueur qui se fait un plaisir de faire des vocalises nocturnes et bousille le sommeil dont je sais avoir besoin. Le chien, lui, est exemplaire. Les enfants sont des enfants. Et quand viennent ces heures électriques, les heures de fin de journée, coincées entre la fatigue, l'attente du repas et toutes les émotions accumulées pendant la journée, je regrette au moins trois secondes d'avoir bazardé ma grande baraque pleine de pièces (et de portes... Gniarf). Passées ces deux secondes, je suis obligée de voir que les problématiques seraient les mêmes, sont les mêmes. Le quotidien ne change pas de robe au grès de la géographie. Il est ce qu'il est, ici, dans un mouchoir de poche.

Je ne raconte pas les lessives à la main, les départs sur linge pas sec qui demandent à inventer de quoi étendre dans un interieur minuscule. Je ne raconte pas la gymnastique pour se croiser quand un cuisine, que l'autre veut aller aux WC. Et attentions, les pattes du gentil chien-chien qui trainent au milieu.
Je ne raconte pas mon atelier entreposé dans la douche quand nous roulons, sur le siège passager quand nous sommes à l'arrêt. La table de marché posée sur notre lit.

Je ne raconte pas l'organisation pour prévoir quel marché, et où nous garerons le camion pour que je puisse me rendre au travail à pied. Parc4night est Jour-de-marché.fr sont devenus mes indéfectibles amis.

Non, tout ça, je passe sous silence. C'est une réalité, cette vie demande de la manutention, de l'organisation et quelques compromis, mais finalement, comme toute autre mode de vie. Ici les choses sont moins lourdes, et finalement infimes par rapport au plaisir de changer sa maison de place en un clin d'oeil. Par rapport au plaisir de la découverte, au changement du paysage.

Je ne raconte pas non plus le flippe des marchés paumés ou je croise juste Roger venant chercher ses navets. Quand on ne connais pas, on test, ici et là. Heureusement, le monde des marchés est rude mais pas cruel. Ils ont eu pitié de moi en me voyant arriver avec mes bijoux, ils m'ont conseillés les lieux et jours où je pourrais poser mon stand sans faire choux blanc. Et ils avaient raison ! Ouf, j'ai eu un moment de trouille, de penser que mon affaire ne tiendrais pas la route, que mon projet ne serait pas viable, qu'on allait crever de faim moi et mes mouflets au fin fond du Gers...

Et quand on ouvre la porte, qu'on balade son regard, on voit tout le reste. Les balades à vélos sous cet impressionnant soleil d'octobre. Le Moulin des marionnettes (les mamoyettes comme dirait ma fille)
à Vic-fezensac qui nous à offert une après-midi un peu hors du temps. Les heures et les journées entières passées sous le ciel.

Oui, il y a beaucoup de choses que je ne raconte pas, parce qu'il faut simplement les vivres.





















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