L'habit, le moine et moi.



Il m'aura fallu plus de deux semaines pour copier toute ma musique. Mettre mes CD sur un réceptacle rikiki que je puisse emporter partout avec moi. Deux semaines, peut-être trois en fait, à copier dans une chorégraphie industrielle : Sortir les CD de leur étagère, par petite pile, les mettre à coté de mon ordinateur, les ouvrir un par un, insérer, lancer la synchronisation, éjecter, ranger, et hop, dans la cagette. Direction finale ; l'écurie en attente du prochain et désormais traditionnel, vide grenier dominical.

J'ai mis un CD qui avait accompagné mon année bac. C'était il à plus de dix ans et je me souviens de toutes les paroles, de l'ordre des chansons et de l'odeur de ma chambre d'ado au petit matin. 

Dans mes petits matins actuels, la routine à changé de forme. L'amoureux ayant enfin fini de (re) travailler, j'ai repris le chemin des marchés, vite vite, avant que l'été ne sature les emplacements si convoités. Les gestes sont revenus vite, mes sacs m'attendaient sagement, mon stand et mon atelier minuscule... La sensation aussi. Quitter la maison quand tout le monde dors, arpenter la région sur des routes que l'heure rend déserte et se laisser surprendre par des levers de soleils à couper le souffle. L'hiver n'est plus ! Et l'ambiance. La vie sur les marchés n'est pas commode, mais quand on s'arme de courage, d'un sourire franc et modeste et qu'on prend la peine de comprendre les rouages, on se fabrique de beaux souvenirs.

J'avais oublié le plaisir d'être lessivée par l'air vif, le travail en plein air, la rencontre de mes clientes, les conversations parfois passionnantes qui démarrent d'un rien. Apprendre ! Apprendre à être sure de mon travail, apprendre à vendre ce que je crée, apprendre à conseiller un choix un peu intime tout de même. On ne choisit pas exactement une paire de boucle d'oreilles comme on choisit des poireaux. Et, dès que mes mains tombent sur mes pinces, dès que je brasse les sachets qui abritent mes pierres et mes perles, les idées fourmillent, l'envie de faire est là, impérieuse.

Alors considérer le luxe de cette boutique portative que j'emmène où bon me semble ! Le privilège de faire exactement ce qui me plait. Et les retours sur mon travail sont un carburant fabuleux.

Pour le reste, tout est allé très vite. Dans la même journée nous avons prêté notre maison et vendu notre vieux van Volkswagen adoré (Badavroum de son petit nom propre). Notre maison en dur qui trouve preneur, et notre première mini maison sur roulette qui se font la malle, là, sur ma terrasse, au détour d'un rayon de soleil sur un après-midi entre copains.

Je m'étais tendu un beau piège. Mon amoureux ayant fini d'épauler son père fatigué dans l'entreprise familiale, j'avais dit : Ni une ni deux, on amenage dans Mastok (N.B: Pour ceux qui arrivent, je parle ici d'un camping-car, oui, nous donnons des noms aux choses) sur le champ, et nous profiterons alors de notre absence dans notre propre maison pour finir de la vider et de la pomponner en prévision d'une location future. Mais entre ma reprise, et la vie qui cours, je nous visualisait déjà en septembre, au même stade qu'alors, en train de déplacer un bibelot ici où là sans avoir avancé d'un pouce. 

Puis au détour d'une conversation avec un couple d'ami, j'ai dit : Prenez la maison si vous voulez, si ça peut vous dépanner, laissez-nous 15 jours pour finaliser, et en suite nous reviendrons juste vous déranger pour finir les quelques travaux qui restent à faire.
Et après un bref délais de réflexion, ils ont dit oui. Voilà comment, à la fin de la semaine prochaine, nous habiterons officiellement dans une maison à roulette !

Et puis le van... J'en ai vendu des choses pourtant, des jolies, des symboliques. Mais après cette promesse de vente, au soir, dans l'intimité de ma chambre mise à sac par un déménagement, j'ai vraiment mesuré l'attachement que je pouvais avoir pour ce tas de ferraille sur roues. C'était les prémisses encore non affirmés de ce que nous vivons aujourd'hui. C'était le camion qui à vu fleurir les sièges enfants successifs.

Devant la maison, sous le figuier, se bousculent ces roses anciennes que j'aime tant,  qui exhalent un parfum divin. Ces roses rose ébouriffées que Lilie-Rose me cueille par poignées entières. "C'est pour toi maman, un bouquet de fleur, c'est beau hein ?" 

Et puis le coup de vider ma penderie aussi. C'est stupide probablement, mais il m'a fallu attendre beaucoup pour finalement me libérer des pensées bien réelles que j'entretiens sur des vulgaires bouts de tissu. Suis-je ridicule si je dis qu'il m'a fallu franchir un cap dans ma réflexion sur la féminité pour vider drastiquement mon placard ? J'ai ri de moi même en me posant la question de savoir si Il m'aimerait encore affublé du même jeans des années durant ? J'ai ri, mais je me suis posée la question quand même. Et finalement, j'ai arrêté de rire et je me suis posée la question de savoir si JE m'aimerais encore affublée du même jeans des années durant ?

L’habit, le moine, et moi dans tout ça...

...

Concrètement, pour ceux qui veulent du technique, j'ai vidé environ 200 CD sur un Ipod pour réduire au minimum l'espace de stockage. Les CD sont sur mon vide grenier et partent petit à petit. J'avais regardé à les revendre en cartons dans des magasins tels que Cash 31 ou autre enseigne du même genre. Le prix de reprise par CD est d'environ 0,02cts. En m'occupant moi même de les revendre, je les laisse partir à 2 ou 3 € pièce, c'est pas mal. En vendant tout, j'aurais amorti un i-pod d'occasion. Et si ce n'est pas le cas, je mettrais tout ça chez Emmaüs (j'ai encore du mal à vendre et non donner).

Pour les vêtements, idem, je brade tout sur les vides greniers (laissez-moi vous dire qu'il y a des bonnes affaires à saisir car en bonne nana qui se respecte, j'ai quelques pièces jamais portées qui trainent encore). J'ai gardé mes essentiels pour le travail en hiver sur les marchés, et quelques tenues pour être présentable. Il en reste encore trop, tout ne rentrera pas dans Mastok, rapports aux pulls qui prennent une place folle (et non, je ne suis pas très polaire qui tiens chaud ET qui ne prend pas de place, vive de gros pull de mamie), mais comme nous prévoyons des échappées de quelques mois avec des retours pour voir la famille et honorer quelques engagements professionnels auxquels je tiens, je ferais un roulement. Ça marche aussi pour la bibliothèque des enfants et la notre d'ailleurs.

J'écoute quand même les conseils des ex-voyageurs ou toujours voyageurs qui disent qu'ils tournent avec très peu de vêtements. Vu qu'on ne peut pas stocker un gros bac à linge sale, les lessives se font rapidement, et donc on prend toujours sur la haut de la pile. 

Voilà, pour le moment !

A très vite.

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