Tout à 10 balles ou j'remballe !



J'ai retiré ma montre en rentrant chez moi. Elle n'est pas ajustée à mon poignet, je n'aime pas trop les choses qui serrent. Malgré ça, malgré sa place mouvante, son dessin est resté, le soleil m'a tatoué en négatif.

Après des semaines de pluie, l'azur insolent m'a collé le vertige. Et impossible de me mettre à l’abri, au milieu de cette rue, échouée comme île, mes affaires étalées avec grâce sur le trottoir.

Vouloir partir, oui, mais partir léger ! Alors tout vendre. Au début, discrètement, les choses qui encombrent, qui dépassent. Puis, petit à petit, un meuble, un tapis, un fauteuil, un lit...

C'est une sensation particulière de découdre ce que j'ai mis plus de 8 ans à construire. Cette maison que j'ai mis du temps à faire mienne. Elle était si lourde de son passé. Puis les enfants sont arrivés, et eux ne demandent jamais vraiment à faire leur place, ils sont là, c'est tout. J'ai composé autours d'eux. Fait le nid.

Au premières annonces sur le bon coin, j'ai réfléchi, tourné un peu autour du pot. Moi qui en plus n'aime pas vendre. J'aime donner, faire tourner, rendre service, dépanner. Puis j'ai mis les deux pieds dans le plat, le doigt dans l'engrenage et la tête dans le guidon ! Cet argent qui rentre petit à petit servira à payer la carte grise de Mastok, les frais de passeports, une partie de Mastok même si les affaires marchent bien.

Et moi qui n'aime pas vendre, je suis propriétaires de jolies choses, des choses choisies avec soin et envie, des choses de qualité que je n'ai pas envie de céder pour rien. Vient alors le moment de se heurter à cette mentalité nouvelle, ou on achète juste pour acheter, pour le geste, dans une perpétuelle foire à l'euro.  Et si par malheur je justifie mon prix, voilà que la politesse s'envole... Merde alors.

Où est passé le marchandage courtois et amusant ?

Qu'importe, j'use de patience et de politesse. J'arme mon sourire, et ça fonctionne, parce que les gens s'arrêtent quand on prend le temps de s'adresser à eux. Et hop, un humain retrouvé.

Je faisais aujourd'hui mon premier vide grenier. J'avais décidé ça hier soir, en fin de journée. Vu l'état des choses à la maison, ça n'a pas été dure de charger la voiture. Si un cambrioleur poussait ma porte, je serais prête à parier qu'il renoncerait. Entre les enfants et le tris draconien, nous vivons dans un joyeux foutoir. Chaque vente est une petite victoire, chaque vente est un poumon qui s'ouvre et un pas de plus vers cet objectif.

Parce qu'une fois qu'on à tiré sur la maille, l'ouvrage se détricote à une vitesse fascinante.

Reste la notion de possession. Et le souvenir. Le bureau de mon grand père, sa lampe d'étudiant, l'armoire peinte dans la chambre de ma fille, le premier mobile acheté pour mon aîné, le fauteuil dont j'avais tant rêvé...
Et pour les enfants ? On aime tous fouiller dans les greniers de famille et retrouver nos premiers cahiers, le bijoux que notre mère portait et qui balançait à son cou quand elle lisait l'histoire du soir, les photos de toutes ces périodes sur lesquelles se sont posées les amnésies nécessaires.

Ma mère à tout brûlé un jour. TOUT. Et c'est le carton à chaussure qui contenait les photo qui me reste en mémoire, qui me manque encore aujourd'hui. Alors je m'applique à faire des albums physiques pour mes enfants. Avec l’espoir de leur raconter un jour, et de répondre à leurs questions. Qui n'aime pas qu'on raconte sa propre histoire? Les photos feront office de coffre à trésor. Du reste, je m'appliquerais à leur raconter, à mettre des mots sur ces images. Et de penser que le lien d'humain à humain est la plus belle des transmissions.

Aujourd'hui, j'ai croisé peut-être une centaine de visages, discuté avec des gens de tous horizons, parlé de notre projets aux curieux qui se sont risqués aux questions, et semé dans de nouvelles maisons des petits bouts de moi.

Et que vienne la légèreté. C'est décidé, je ne garde rien, où presque.

...

Concrètement, pour ceux que ça intéresse, voilà sans ambages comment se passent les choses.

J'ai commencé à vendre le gros superflux sur le bon coin, facebook et autre bouche à oreille. Il faut beaucoup de patience, pour prendre les photos, rédiger les annonces et supporter tous les travers de communications qu'engendrent ces outils.

Pour tous les gros objets, meubles etc, hop, le bon coin !!!

J'ai proposé aux proches et amis certaines choses dont je savais qu'elles auraient du succès (aaahhh la balancelle renommée nid de marsupilami, j'aurais pu faire des enchères tiens...), c'est cool de voir les objets adorés rejoindre des foyers où on aime pointer le bout de son nez.

Les fringues et chaussure, c'est comme les livres et les CD, c'est une plaie à vendre, et comme je n'ai pas envie négocier pendant des mois, c'est sur les vides greniers que je laisse partir, quitte à casser le prix. L'essentiel étant là de vider vider vider.

Je me donne jusqu'a Juin pour tenter de vendre le maximum de choses, ce qui restera partira chez Emmaüs.


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