D'une rive à l'autre.


Il existe, entre deux vagues, un instant fragile chargé de silence. Quelques millièmes de secondes passé le moment où l'onde déferle avec fracas, l'eau se retire faisant chanter sable, galets et coquillages. C'est après cette fuite et juste avant que la prochaine vague ne vienne reprendre la mélodie. Si vous savez tendre l'oreille, ce silence devient obsédant. Sinon, il peut facilement passer inaperçu.

C'est peut-être l'image que je poserais sur ces absences. Aujourd'hui, je ne vais pas habiller mes propos et maquiller mes émotions. Je me contenterais de dire.

Dire que je devais partir sur la mer, et que finalement je suis redevenue mère pour la troisième fois. C'était une surprise de la vie, et l'enfant qui est née ressemble bel et bien à une surprise à lui tout seul.

Dire que le voyage est bien différent, mais tout de même indéniable. Il n'a juste rien de géographique, il est humain, sensible, noyé d'amour, tumultueux, semblable à des montagnes russes.
C'est un le voyage qui consiste à rencontrer son enfant. Et apprendre de lui ce que les autres ne m'avaient pas encore appris.

Dire que 2 c'est vraiment différent de 3. C'est une gymnastique sans fin. Ce sont des heures qui s'envolent, et finalement des minutes passées à contempler un plis, une courbe, un geste, le changement frénétique des expressions sur ce si petit visage.

Dire le frêle équilibre entre force et fragilité quand on donne la vie. Rester bouche bée face à ce que la nature sait faire de plus beau et considérer le corps comme un outil fantastique. Je ne sais encore pas bien comment j'ai survécu à mes trois accouchements. Comment moi, j'ai été capable de faire tout ça ?

Oui, dire l'absence, parce que la fin de cette grossesse surprise à été épuisante. Jamais je n'avais connu fatigue si récurrente, si aliénante. Condamnée à rester immobile. Si mon corps me le demandait, ma tête n'a pas aimé. Mes mains étaient en regrets. Mes pieds battaient l'impatience. Et sous mon crâne, la tempête. 

Alors j'ai donné la vie et j'ai repris la mienne, la notre. Juste un peu plus vive. Avoir été privée de cette liberté de mouvement m'a donné à voir le besoin viscérale que j'ai de faire bouger le paysage sous mes yeux. Et les enfants jouissent de ce mouvement. Les échappées semblent propices à leurs apprentissages. Plus que jamais, je constate que la découverte d'autres lieux, d'autres ambiances, d'autres rythmes représente une source de culture pour eux. Et j'aime les voir trouver leur équilibre loin du nid. 

Le bateau restera à quai, mon stérilet en à décidé autrement. Et c'est très bien comme ça. 

De cette période d'attente est née un enfant, et beaucoup de questions ont trouvées leurs réponses là où je ne m'y attendais pas. Donner la vie c'est aussi laisser mourir et faire le deuil visiblement. 

En restant à terre j'ai découvert qu'il y avait des bagages à défaire avant de prendre la route. Et que peut-être tout ne devait pas être toujours aussi radicale que me le dicte la fougue de mes (presque) 30 ans. 

Ce n'est pas de la résignation, c'est de l'acceptation. 

Dire que nous avons toujours envie de voyager et d'offrir cette découverte à nos enfants. Dire que ces modes de vie alternatifs nous attirent toujours autant. Mais que faire une chose après l'autre est aussi la meilleur solution pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis.

Êtres stoppés dans notre élan nous à permis de se concentrer sur la transition qu'impose la rupture avec la scolarisation pour notre ainé. Prendre de le temps de se poser la question de ce que nous voulions vraiment lui transmettre et sous quel forme. Prendre le temps aussi de sillonner les routes pour trouver d'autres familles dans notre situation et constater l'étendu des possibles. 

Etre stoppé dans mon élan de grand départ pour d'immensses périples m'a permis de réaliser que le nombres de kilomètres ne compte pas vraiment, l'important c'est ce qu'on fait du voyage.

Mon dernier né aura 5 mois dans quelques jours et la maison doit ressembler pour lui à un port d'attache dans lequel nous jetons l'encre entre deux échappées. Et je ne sais pas si le port d'attache demeurera encore longtemps, mais une chose est sure, si nous n'avons pas pris la mer, nous n'avons pas fini de prendre la route.

Voilà, la pause est finie, les affaires reprennent, les histoires aussi. 

Alors à très vite, j'ai beaucoup de choses à vous raconter.








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