Chante ton conte beau merle.


Le vent souffle et cogne la façade. Il s'engouffre par la fenêtre laissée ouverte, emportant dans ces volutes ces milliards de poussières invisibles si le soleil ne se mêle pas à l'affaire.

Cette fenêtre que je ne ferme qu'au petit matin lorsque les oiseaux décident de saluer l'arrivée du jour. C'est drôle comme ce bruit de fond agréable durant la journée peut être assourdissant au petit matin. 
Ce sont les seuls bruits dont je souffre. Parfois la voiture d'un voisin passe. Parfois un avion dans l'azur.

Et le bruissement soutenu des feuilles coiffées par le vent.

Le soleil s'est posé, imparable, franc et sur de lui. J'ai commencé à lui barrer le passage pour garder un peu de fraîcheur dans la maison. Il semble alors se venger sur la jardin qu'il inonde sans réserves.
Et au soir, quand il part se cacher derrière la montagne, juste derrière la maison, ce sont des litres d'eau qu'il faut abattre sur nos plantations pour espérer qu'elles résistent au lendemain.

J'ai eu tellement de choses à dire et a démêler ces derniers mois, ces dernieres semaines, ces derniers jours, que je me retrouve moi aussi, balayée par le vent, assommée par la soleil. Et silencieuse.

Je laisse les livres dire pour moi. Il défilent au pied de ma couche comme des amants passagers. Et je n'ai plus peur de les répudiés si leur caresse ne me sied guère. Un autre prendra si facilement la place.

J'ai recommencé à croquer des femmes aussi. Les posées sur des papiers et travailler leurs traits. Elle n'attendaient que ça la garces. Trop longtemps délaissées peut-être, les voilà qui s'agglutines à mes crayons et poussent pour sortir. Parfois en vrac. L'émotion n'est pas passée en entier. Il n'y a plus qu'a recommencer.

Fait peu habituel et pour le moins troublant, j'ai du temps pour moi. Pour moi seule, sans enfants, sans mari. C'est un temps qui s'impose à moi et je me sent fine bouche de ne pas savoir apprécier pleinement cette carence. Mais je me sent condamnée à ne jamais choisir réellement la cadence adoptée. Alors aujourd'hui je suis seule parce que je n'ai pas le choix, et j'ai du temps car je ne peux pas faire autrement.

Je ne dois pas être une bonne cliente au lâcher-prise et à toutes ces recettes que les gourous du développement personnel égrainent de toute part. Moi, je ne suis que moi, humaine imparfaite et paradoxale.

Et pour l'instant, j’apprends, en laissant le vent s'engouffrer par la fenêtre ouverte, balayant sur son passage des milliards de poussières invisibles si le soleil ne se mêle pas à l'affaire !

...

Acrylique sur papier -  Les naïves d'été #1 -  2017- 24x32cm - 80€.

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