J'ai laissé l'arrière de mon crâne s'écraser
sur les coussins. Par ma fenêtre, je ne vois qu'une maison, massive et
immobile. Le seul indice qui semble lui donner vie est la fumée qui
depuis quelques semaines s'échappe de sa cheminée. L'hiver arrive, qui
en doutait encore ?
Plus loin, les lignes verticales
d'une vigne parée de ses couleurs d'automne. Une robe superbement
lumineuse pour une mort programmée en somme. En suite, c'est le dédale
des ombres et des verts permanents. De ces conifères frileux qui jamais
ne dévoilent leur branche. Une barrière sombre qui vient délimiter le
ciel. Oui, après, je ne vois plus que le ciel. La ballet lent mais
constant des nuages qui ne cessent de se mouvoir en une danse lente et
aléatoire. Éole est un sacré chorégraphe.
Regarder par
ma fenêtre et ne rien faire d'autres, en oubliant vite vite vite le
temps qui passe et qui porte avec lui une somme de choses à faire.
A
partir dans des projets de commande, je me retrouve sous la contrainte
d'un trait qui n'est pas tout à fait le mien. Si je travaillais pour moi
j'aurais saigner un peu plus la couleur, violenté la plume et l'encre.
Mais là, rien de tout ça. Je me contente de poser traits et couleurs
sages sur un document qui ne dois pas me ressembler, qui à sa vie propre
et ou chacun doit pouvoir se reconnaitre.
Alors je me
plie, je m'y astreint, je dessine avec application. Mais sous cette
retenue sage, boue le volcan de tout ce que, soudain, mes crayons
aimeraient faire. Les traitres. Alors qu'ils n'avaient pas manifestés
leur présence depuis quelques semaines, les voilà qui trépignent
d'impatience de se retrouver lâchés sur un format récréatifs. Il
attendent, les bougres, de pouvoir sortir du cadre et imposer leur
graphisme.
Le temps de finir ma commande, je résiste,
je suis disciplinée finalement. Mais quand les projets sont terminés,
les chèques encaissés, les clients satisfaits, l'envie boue toujours,
belle et bien réel.
C'est peut-être toujours comme ça
finalement. Il suffit de se retrouver enfermé pour considérer le luxe
des grands espaces. Etre privé d'une chose pour en ressentir le désir
ardant.
Alors, je prend une pause, la tête balancée sur
mes coussins, avant de prendre la route d'un travail sans filet, bien
plus personnel, sans aucune figure imposée...
Le temps de prendre le temps d'un moment inutile et déjà passé.
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