Vilaine.



 C'est après une étonnante disette littéraire que je me réveil, le cerveau comme un estomac après une trop longue nuit, affamée de lecture, de mots, d'apprentissages nouveaux.

 En bref, je découvre que ma curiosité est en manque de matière. C'est moche une curiosité en souffrance... Comment je me suis aperçue de ce manquement ? C'est bien simple, j'ai toujours autour de moi une pile d'ouvrages en instance de lecture. Sauf que ces derniers mois, l'instance était devenue latence, puis désespérance. la vie prenait trop de place, et impossible, le soir venu de me plonger dans d'autres songes que les miens, où d'apprendre autre chose que ce qui se passait alors en moi.  L'égoïsme nécessaire quoi !


  Alors, ma pile de bouquin à pris la poussière pendant que moi, je faisais le ménage dans ma tête. Et c'est à la fin de l'été quand les feuilles promettent un chute prochaine, que j'ai eu envie de faire tomber, à nouveau et en douceur de nouvelles feuilles dans mes mains. J'ai repris cet ouvrage laissé pour compte depuis des mois, inachevé bien que passionnant. Et l'appétit vient en mangeant, incontestablement. Car une page en appelle une autre, et que filent les chapitres. Je me retrouve boulimique de titres, et à peine je quitte une histoire que le besoin impérieux d'en commencer une autre me dévore les yeux. 

  La curiosité est un vilain défaut. Qu'a cela ne tienne, je serais très vilaine ! Je nourris sans cesse la curiosité que j'ai des humains que je rencontres ou qui m'entourent. Mes questions tombent, souvent au milieu de nul part, parfois importunes, mais qu'importe, si c'est par là que je dois comprendre mes pairs, je préfère demander qu'imaginer et risquer de déformer. 

  Et dans cette curiosité humaine, j'en suis venue à me questionner sur la place que nous laissons à la curiosité aujourd'hui. Ceci est parti d'un exemple "simple". Une amie très chère à eu la douce idée de quitter son compagnon de longue date. Et dans ce genre de séparation, on se retrouve au milieu d'amis commun au deux parties de la rupture. Et c'est au creux d'une fête n'ayant rien à voir avec la dite séparation de ma chère amie, que celle-ci s'est retrouvée prise en sandwich entre des "amis" communs qui ont eu la délicate idée de lui décrire la nouvelle vie de son désormais "ex" ! Mon amie est intelligente et s'est contenté d'en rire, mais où est passé notre intelligence relationnelle ? De là, je me suis mise à considérer la place que nous apportons aux ragots, aux gossips, à toute cette information inutile sur la vie privée d'autrui que nous bouffons volontairement ou non au 4 coins des rues. La presse à scandale n'a jamais eu autant de lecteurs, et tout le monde semble vouloir savoir ce qui se passe dans le bac à linge sale de son voisin.  C'est probablement une bonne façon de se rassurer sur son propre linge sale, où une manière de ne pas s'en occuper justement. Il y a tellement à voir chez les autres.

  Je ne peux m'empêcher de penser que cette vaine curiosité est profondément malsaine. Je ne cherche pas à qui la faute, je constate juste que nous nous sommes ramollis et que nous vouons notre curiosité à des sujets qui nous avilissent. Alors que mes voisins gardent leur linge sale, que lady gaga se casse un orteil, je n'en ai cure, ma curiosité humaine s'en moque, parce que ce qui m'intéresse chez l'humain, c'est la compréhension de la personne, du caractère, du personnage, de la sensibilité...

  Et au delà de cette curiosité qui occupe une grosse part de ma vie et de ma carrière en devenir, je suis en passe de laisser derrière moi un période puérile ou je rebutais toute exploration fastidieuse au profit d'une facilité d'acquisition mentale. Comprenez qu'il n'y à pas si longtemps, je balayais d'un revers de  stupidité toute connaissance qui ne m'était pas vitale ou nécessaire dans ce que je mettais alors en place. Passionnée de photo, je laissais l'instinct guider mon oeil et frisais le nez aux grands défenseurs de la technique. Puis, l'air de rien, qu'il s'agisse de la photo où de tout autre sujet, je me suis rendu compte que la curiosité pouvait amener à de grande découvertes ou de belles rencontres. La technique n'est pas tout à fait à proscrire, l'instinct pas tout à fait à oublier. Il faut peut être trouver une recette personnelle et élaborer pour soi même de savants dosages. Je ne suis toujours pas amoureuse des grands défenseurs de la technique qui écrase parfois trop l'affect, mais je les comprend ces curieux de la première heure.

  Je me suis alors laissée happée par des émissions et articles passionnants sur des sujets bien loin d'éveiller mon intérêt direct... Et le pire, c'est que j'ai eu envie de prolonger la découverte, pousser le vice, creuser le sujet... Bref, apprendre !

  La curiosité est peut-être semblable à un muscle finalement. Peut-être faut-il la travailler pour ne pas qu'elle perde sa fonction et sa vigueur ? 

  C'est peut-être curieux, mais je vous conseil vivement d'avoir d'aussi vilain défaut que la curiosité (intelligente). Oh oui, soyons vilains.

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