Mettez vos gants Mappa bien en évidence Mademoiselle !



Loin des folles furieuses de la bactérie maudite qui astique comme elles respirent, j'ai toujours eu un équilibre ménager correct à tendance ordonnée. 
Mentalement, j'ai un besoin raisonnable que les choses trouvent leur place. Et temps qu'à faire, autant avoir un espace clair pour pouvoir laisser s'épanouir tout le reste. Donc pas maniaque, mais hygiénique et ordonnée. Par nécessité aussi. Quand vous vivez dans une chambre de 9m2 (si ça existe dans le système éducatif) pendant les quelques années qui vous séparent de la culture académique, vous rencontrez une certaine précarité de rangement et de fonctionnalité que seul le dieu Ikéa pourrait régler pour vous. Mais voilà, dans les chambres étudiantes, l'ensemble du mobilier est fixé au sol, et de toute façon, les architectes, qui eux aussi ont dû être des étudiants logés en clapier, ont, par vengeance rétroactive, organisé l'espace de façon à ce que rien ne puisse bouger dans ces espaces minuscules. 

Bon, je dois avouer que passé les premières semaines et dépassé un rien de claustrophobie, j'en garde d'impérissables souvenirs. Mais cette promiscuité entre votre espace lavabo et votre espace évier (qui ne sont en fait qu'une seule et même vasque) vous pousse à respecter votre bouteille de monsieur propre. 
Idem pour votre bureau qui est aussi votre salle à manger par exemple. Sans parler de votre lit/canapé. Bref, du bordel et des manques d'hygiène dans des espaces si petits, ça dépasse vite.

Puis après, j'ai décidé d'être riche, ou au moins de faire comme si. A moi le luxe de la colocation. A moi la chambre, tout aussi multi-usage, mais bien plus vaste. Je ne parlerais pas ici des affres de la collocation au niveau sanitaire, ce n'est pas sexy, y'en à forcement un qui fait plus souvent l'amour avec le balai si les choses ne sont pas clairement définies. Et vue qu'à cette époque, je fuyais le conflit autant que ma coloc fuyait la serpillère, je me rapprochait proportionnellement de mon aspirateur. 

Mais ces espaces m'ont confirmé le fait que je n'aimais pas entasser le superflus. Je me retrouvais souvent en flagrant délit de tris draconiens. Tout y passait, livres lus, CD oubliés, fringues pas assez portées, c'était aussi pratique pour manger (beh oui, à vouloir faire la riche, on finit par tirer le diable par la queue, et la queue du diable devient alors un sachet de spaghetti à décliner au maximum pour ne pas se lasser).
J'étais habituée aux tris, hantée par une enfance de déménagements aux 4 coins de la France.

Puis après avoir décidé d'être riche, j'ai décidé d'être amoureuse et de rejoindre l'homme sur qui j'avais jeté mon dévolu. Alors là, point de publicité mensongère, je savais à quoi m'attendre. Parce-que, en vrai, j'avais décidé d'être amoureuse bien avant tout ça, je connaissais donc le bonhomme. 
Et donc j'ai aménagé avec un autre quelqu'un qui n'était toujours pas moi. Et bien que je sache à quoi m'en tenir, j'ai tout de même essuyé quelques difficultés ménagères. Puis l'équilibre s'est trouvé entre mon coté ordonné et son coté bordélique. Puis la maison est grande, alors on a trouvé des terrains d'entente hors des pièces de vie commune pour que son coté bordélique ne connaisse pas de frustration et que je perde cette envie furieuse de lui faire bouffer ses chaussettes sales et ses fonds de poche en forme de caverne d'Ali-Baba version quincaillerie BTP.

Et puis de deux, on est passés à trois, et sans trop m'en rendre compte, j'ai lâché du lest. J'ai aimé voir en fin de journée, le trajet des jouets qui symbolisait aussi le trajet de mon miniature. Je conservais quand même cette envie de faire place net pour que tout retrouve sa place et qu'on puisse sans attendre partir sur du neuf. Mais je ne connais aucune vie où rien ne depasse. Et pourquoi j'aimais tant ce bordel vivant chez les autres alors que j'étais incapable de le laisser vivre chez moi. 

Au fond, quand on manque un rien de confiance, parce que bon, on a tous nos petits tracas, ont se replis sur des détails aussi stupides que l'entretient et la façon de tenir sa maison par exemple. Mais être une bonne ménagère ne fait pas de moi une bonne mère, ou une meilleure personne.

Puis, une amie de passage à finit de me conforter dans ce que je pensais être au départ un lâcher prise peu confortable et qui s'avère en fait être une douce liberté, en me disant un soir les mots suivants :
"C'est bon de te voir te poser à table avec nous, de pouvoir passer des moments sans que tu t'active à ranger par-ci par-là...". Et le pire c'est qu'elle avait raison. 

J'étais la seule à me soucier de cette tâche sur ma cuisinière, de la vaisselle qui pourtant peut attendre 5 minutes, voir une nuit, de la poussière qui pousse comme du chiendent dans l'escalier. Tout le monde s'en moque, parce que dans le four il y à un fondant au chocolat, sur la gaz un cafetière italienne qui grésille et autour de la table, des gens heureux de se retrouvés. Et si d'aventure la soirée grignote sur la nuit, des draps propres seront jetés sur les lits confortables qui peuplent mes chambre d'amis. 

Finalement, les espaces épurés ne m'attirent plus, ma vie n'est pas un musée. J'aime les maisons qui portent les détails des vies qu'elles accueillent, des mouvements qu'elles permettent. 
Je continue à vider parfois mes armoires en tous genres, parce que rien ne sert d'entasser nos vies en possessions inutiles, mais les livres trouvent aussi bien leur place dans une bibliothèque, et je préfère qu'ils quittent la maison aux trousses d'un invité curieux de leur couverture.

Et puis ranger les jouets de son enfants c'est bien, nécessaire parfois, mais jouer avec eux et avec lui, c'est mieux !

Du reste, mes sols sont corrects (comme ceux d'une maison de campagne), mes assiettes sont propres, mes culottes aussi, alors le reste attendra. La vie non !

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