Aimer l'amour à mort.


A vingt ans, on débarque au milieu d'un champ de bataille amoureux, la fleur au coeur, des illusions plein la tête. On est sur de là où on va, de là où l'on voudrait être.
On a l'audace de porter haut et fort des convictions bien encrées sur des sujets aussi épineux que l'infidélité, la relation idéale, LE mec idéal. Très tôt, on sait ce qu'on veut donc...

Je discutais avec des amis, un soir, nous parlions de nos conceptions de l'infidélité et de notre façon de se placer face à ça. Et soudain, je me suis sentie vieille. Et le pire, c'est que j'ai aimé ça. Moi aussi, dans un sens, j'avais une image toute rose de ce que je souhaitais vivre au sein d'un couple. En revanche, peu utopiste sur ce point, je ne savais pas ce que je voulais, mais voyais de loin ce que je ne voulais pas.

Laissez-moi vous dire que j'ai eu mon lot de claques, comme tout un chacun. Et est-ce un reland de sado-masochisme, mais au fond, j'apprécie la brulure franche qu'elles ont laissée quelque part entre ma tête et mon coeur.

Parce que voilà, on a 20 ans que peu de temps, et finalement c'est assez bien comme ça. Mais les années qui suivent, ou plus tard pour certains, vont être parsemées d'épreuves, de confrontations à la réalité, qui auront pour but de nous déniaiser un peu, de nous ouvrir les yeux sur le miroir aux alouettes que sont Cendrillon et autre Blanche-Neige. J'espère secrètement que ces deux la étaient amies pour la vie pour s'aider mutuellement à gérer la réalité du quotidien avec M. Charmant.

Et je ne parle pas ici des grandes histoires d'amour qu'on traine depuis le collège, le lycée, la fac et qui se perpétuent au fil des années. Je ne parle pas non plus des relations plus courtes mais tout aussi importantes. Mais encore, je ne parle pas des amours à répétition qui passent aussi vite qu'une journée. Je parle de la relation que NOUS avons à l'amour.

Car seul le temps peut nous apprendre qu'aimer une personne, c'est parier sur l'inconnu. Décider de partager son chemin avec quelqu'un c'est prendre et accepter le risque de voir cette personne changer, évoluer, bousculer ses propres codes. Je ne suis (heureusement) en rien semblable à celle que j'étais il y a dix ans. Et ça, comment y remédier ? Impossible de faire cesser l'évolution.

On peut alors se demander aussi le rapport égoïste que l'ont entretiens dans la relation. Demandez à n'importe quelle personne les raisons de son amour pour sa moitié. Elle vous répondra sans trop hésiter avec des : je l'aime parce qu'il ou elle ME fait rire, ME fait ME sentir bien, ME sentir MOI. JE suis bien avec lui ou elle. J'entendais, il y a peu, sur une radio dite culturelle un débat sur l'amour. Et j'étais heureuse d'entendre, comme une piqure de rappel, que l'amour est avant tout égoïste et tourner vers sa propre personne. C'est sans doute un peu abrupt à entendre, mais une fois que cette donnée est admise et acceptée pour ce qu'elle est (et elle n'est en rien malsaine), le rapport que l'on a à l'autre en tant que partenaire amoureux semble bien plus franc. 

Si l'on plonge au sein même de la sexualité, et plus précisément dans le désir de l'autre, on en vient à remarquer la recherche d'une idéalisation de la part du ou de la partenaire. N'est-ce pas la source même du désir. Ne voyez ici aucun tenant narcissique. Si les premiers temps d'une relation sont parfois brûlants, c'est probablement que cette idéalisation n'est pas encore patinée par le temps passé à explorer le corps de l'autre.

Loin de moi l'idée de dire qu'au bout d'un certain temps, la vie à deux, et la sexualité qui l'accompagne est vouée à l'échec. Au contraire. C'est lorsqu'on dépasse ce stade où le narcissisme et la recherche d'idéalisation nous guident inconsciemment qu'on entre dans le vif du sujet.

J'entends souvent ces phrases absurdes ; "Ce que je recherche en amour c'est..." 
Peut-être mes oreilles se trouvent offensées parce que je finalement je n'ai jamais rien recherché dans la relation amoureuse. Un peu persuadée qu'on y trouve principalement ce qu'on y amène, comme dans toute relation. Et on y découvre à coup sur des choses qu'on  ignorait sur soi ou qui attendaient un terrain favorable pour s'exprimer. Nombreuses sont les femmes qui avouent que certains de leurs amants leur on apprit des choses fabuleuses qu'elles ne soupçonnaient pas. Or, elles portent alors le poids de cette découverte, et cette découverte en question leur appartient de plein droit. Elles portaient cette petite chose depuis toujours, il aura suffi d'une caresse, d'un souffle, d'une différence pour que cette nouveauté se révèle à elle. Et au final, libre à elle d'emporter ce qui leur appartient et de le transposer dans des relations futures. Il s'agit de leur propriété. L'amant, l'amoureux n'aura été qu'un déclencheur.

Ce qu'on perd aussi au fil du temps, c'est cette naïveté frondeuse quant au sujet terrible de l'infidélité. Terrible, car je ne minimiserais jamais l'impact et la douleur de ce genre de découverte. Mais combien de couple se sont vus sauvés et magnifiés par ce petit coup de canif. Comme j'aime à entendre ces femmes d'un certain âge ou d'un âge certain parler de l'infidélité comme d'une broutille insignifiante n'altérant en rien l'amour qui peut unir deux êtres. Comme tout, l'infidélité trouve sa propre définition au sein de chaque personne. L'être humain est un être de plaisir et de désir, et bien que je ne fasse en rien l'apologie de la coucherie adultère, je pense que nous sommes ici face à une impossibilité malsaine quand il s'agit de promettre fidélité. Toujours pour ce facteur X qui n'est autre que l'inconnue de nos propres devenir, du devenir de nos envies. 

Alors bien sur, on en parle peu, on le tait la plupart du temps, car la compétitivité avec laquelle on nous engraisse voit d'un mauvais oeil de ne pas suffire à sa moitié. Mais croyez-moi, le club des cocus est probablement un des plus peuplés de France et de Navarre. Seulement voilà, au même titre que la salutaire fessée pour nos têtes blondes, on accompagne l'infidélité de toute sorte d'idée reçus et de croyances séculaire. Or aujourd'hui, on sait que la fessée, c'est pas pour ton bien mon bambin... Alors on quitte, on déchire, puis on passe à autre chose, au risque de regretter toute sa vie durant de ne pas savoir le pourquoi du comment. Je ne parle pas ici des cocus du samedi soir, ou des victimes des libertins mal assumés. Je traite ici des relations durables qui ce brise sous le joug d'un écart. Or dans certains cas, passer au-dessus d'un écart et un seul écart, en comprenant que c'est l'autre qui trompe et que cet acte n'engage que lui peut vous amener comprendre beaucoup, à évoluer pas mal et finalement à aimer mieux, autant vous que lui ou elle. On peut survivre à ça, on peut mieux vivre après ça. On peut y perdre ses illusions certes, mais y gagner en réalisme...

Et le réalisme a du bon parfois. Parole de cocue !

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