Partager mes création est une chose. Vous écrire est encore une chose. Mais écrire n'a rien à voir avec tout ce que je fais ici. 
  Hier soir, je griffonnais sur un reste de papier, un croquis qui deviendra sous les doigts habiles de mon frère un Opinel personnalisé pour le Noël de mon fils.
  Et comme nous ne sommes plus tout à fait voisins et que ce genre de chose ne s'explique pas vraiment par téléphone, j'avais fait un schéma accompagné de notes.

  Et ces notes, si sottes soient-elles, m'ont fait une drôle d'impression. Partagée entre la gaucherie de ma main droite et la sensation de manque qu'on ressent quand on ne s'était même pas rendu compte que quelque chose vous manquait.

  Ma calligraphie, le simple fait d'écrire. Je ne parle pas de tenir un stylo, un crayon, une plume ou quoi que ce soit, je parle du geste qui construit des lettres, qui deviennent des mots, qui deviennent des intentions de dire.

  J'ai appris à apprécier les sms, les mails, parce qu'ils donnent des nouvelles, racontent aussi quelque chose. Quelque chose de bien plus instantané. Mais ils ne remplacerons jamais le passage du facteur qui tire son frein à main pour venir déposer un bout de papier dans ma boîte aux lettres. 

  Je trouve qu'il reste quelque chose d'imprenable dans le fait de recevoir une lettre manuscrite. J'y vois le temps consacré par la personne, j'y entrevois quelque chose de bien plus humain, bien plus poétique. Et un sms, un mail n'auront jamais d'odeur. L'odeur de l'encre, du papier. N'y voyez rien de fétichiste, je ne renifle pas frénétiquement mes courriers.

  Je dis juste que recevoir des nouvelles sur un support physique, sur quelque chose de palpable qui ne soit pas noyé au milieu de spams, d'appels manqués, de notification Facebook restera toujours plus charmant.

  J'ai toujours aimé voir les gens écrire, en classe, dans les café, dans le train. N'importe où, même les pâtes de mouche d'un médecin de campagne peuvent m'intéresser. Le geste de la main, les mimiques que la concentration pose sur notre visage quand on construit un mot sur du papier.
  
  Sur un écran, on peut reconnaître le style de quelqu'un, sa poétique propre, mais jamais on ne pourra apprécier sa calligraphie. Ces pleins et ses déliés qui révèlent un peu (beaucoup) de notre personnalité.

  Pas tout à fait en accord avec mon temps, je dois avouer que j'aimerais revivre cette époque où l'on attendais des nouvelles de l'autre, le temps que la poste fasse son travail. Dans un livre acheté d'occasion dans je ne sais dans quel bric à brac j'avais trouvé une petite enveloppe, patinée par le temps. Et dans cet écrin de papier se trouvait une carte où les mots rédigés dans une écriture fine et travaillée disaient, si ma mémoire est bonne : 

J'ai passé, en votre compagnie, un agréable moment hier. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir pour continuer cet échange si agréable. Autour d'un thé, bientôt, peut être.
Bien à vous.

R.L.F

  J'ai conservé ce petit souvenir inconnu pendant quelques temps, et finalement, j'ai fini par le bazarder comme on purge sa boite de réception.

  Alors ce soir, je voulais vous offrir mon écriture, pour me dire un peu plus, et pour ne pas oublier, pour ne pas m'oublier. Parce que j'aime écrire, depuis toujours, pas seulement pour raconter mes petites histoires et mes grands mots, mais aussi pour cette gymnastique qu'on impose au poignet pour donner du style à ses idées.

  Alors...

  A vos mines, et bon début de semaine.


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