C'est un pot pourri de plein de détails qui m'ont sauté aux yeux pour finir par faire une grosse bobine de je ne sais trop quoi.

  C'est cette fille, dans la rue, identique à toutes celles que j'ai croisé par la suite. Tenant son portable à la vue de tous, bien en évidence, pour masquer sa solitude peut être. Ce portable serré fermement comme on s'agrippe à une bouée de sauvetage. Element de style, ou d'absence de style, parce qu'un jour, je ne sais quelle gourgandine s'est fait paparazziée avec son portable en sac à main. Et depuis, on se donne l'air, on fait genre, c'est JUSTE désespèrent. On check l'heure pour se donner une contenance, on fait un petit tour sur Facebook pour entretenir l'absence de liens. 

  Cette fille était seule, j'aurais pu penser à l'attente d'un appel, une contenance timide face au monde. Mais même en troupeau, cette mimique se répète et signe le vide de ma génération. Des bancs de naufragées accrochés à leur téléphone, dérivant aux hasard des enseignes. 

  L'avantage qu'elle ont sur moi, c'est qu'elle ne manqueront jamais un appel. 

  Ce sont ces filles qui se parent des dernières tendances, sans aucune logique et parfois sans goût, en dépit de leur morphologie et aussi ET SURTOUT, en dépit de leur style propre, de leur originalité (oui au fond, n'en déplaise à mon génie d'époux spirituel, je reste sous mes faux airs, une incorrigible optimiste).  Ne croyez pas, je ne suis pas une vieille mégère en tablier, j'aime la beauté d'un vêtement, les lignes d'une belle coupe, et même si l'habit ne fait pas le moine, on peut dire beaucoup dans l'apprêt, dans le détail d'une touche de couleur, d'un accessoire. Mais la mode uniforme, la mode comme uniforme, non, vraiment, je bloque.

  C'est comme ce fichu et adoré rouge à lèvre carmin. Tout le monde y passe aujourd'hui. Mais suis-je la seule à penser que ça ne va pas à tout le monde. Petit picotement supplémentaire car les femmes de ma famille ont fini par faire des lèvres rouge sang une tradition. Tantes, mère et grand-mère, cousines en tout genre, toutes ont un jour masqué leur carnation lèvresque avec ce rouge magnifiquement agressif et terriblement féminin. Et j'ai toujours trouvé ce petit apparat heureux. Parce que nos gènes nous on dotées de lèvre à rouge rouge. Mais je suis navrée de devoir dire là une vérité fondamentale : Tout le monde n'a pas la bonne forme/cranation pour oser le rouge. Ma petite originalité/tradition familiale est devenue monnaie courante. Bon, ok, ça passera comme c'est venu, les femmes de mon clan retrouverons bientôt leur signe distinctif (ok je sais qu'avant la MOOOOOOODE d'autres femmes portaient du rouge rouge ) et tout rentrera dans l'ordre.

  J'ai été cliente de quelques blog mode, pour la beauté de l'image justement. J'en suis revenue. Assez vite je dois dire. Parce que les filles porte manteaux qui détaillent la moindre marque de leur apparat me fait un peu froid dans le dos. Bonjour, aujourd'hui je porte un pull X, une jupe Y et des chaussure Z... Et c'est ainsi que je me définie pour cette journée seulement, parce que demain il me faudra du neuf, de la laine fraîche pour faire rêver les désabusés du plaisir simple. 

  Je ne castre pas, je n'ai pas envie de condamner, parce que ce n'est pas tout à fait en adéquation avec ce que je suis. Mais j'ai quand même la très vague impression qu'on a légèrement perdu de vue le facteur humain dans tout ça. Ne réfléchissez plus messieurs dames, Ikéa le fait pour vous (pardons Ikéa, tu m'a rendu de fière services mais aujourd'hui, j'ai la rougne, je balancerais même Mc Donald si j'avais le temps).

  Bien sur que je suis consommatrice, moi qui me planque derrière mon clavier Apple. Bien sur que les marques ont une petite place dans mon foutoir. Mais elle ne me définissent pas, du moins je ne crois pas, du moins je n'espère pas. Et je garderais encore mon portable bien au fond de mon sac, quitte à louper tous les appels les plus importants de ma vie, parce qu'en décrochant les yeux de mon écran, j'ai levé les yeux sur les visages que je croisaient, sur les regards qui ont croisés le mien. Et Madame Lancaster, monsieur Nike de la tête au pied, Mademoiselle Chanel du collier n'ont pas l'air plus éveillés que des Hamster dans leurs roue. 

  Qu'ai-je voulu dire dans tout ça ? Et à quoi cela peut il bien servir ? Pour vous, je ne sais pas. Pour moi en tout cas, je constate que la cécité de mes pairs m'aide à mieux voir que la joie n'est pas dans la pomme qui habille mon smartphone ! Parce que finalement, les plus belles rencontres, si furtives soient elles se font comme ça, l'air de rien, et elle se font sans marque et sans fard !

  Bon Jeudi (n'oubliez pas votre parapluie ZARA, il fait un temps de chien ROYAL CANIN ) !