Dessiner, c'est pour moi, avoir une image qui soudain traverse le crâne, une image bien précise, détaillée, et cette image entraîne mes mains comme de véritables petits pantins
(le premier qui me chante Pinocchio je l'atomise, non parce que celle là elle reste !). Et pour les cas où je ne peux pas me mettre devant une feuille, l'image persiste, se rappel à ma mémoire assez souvent pour que je n'en oubli pas les nuances. 

  Après, dans la pratique et en temps normal, les mains sont disciplinées, elles suivent comme de bon petits soldats les ondulation de mon imagination ( vous ne voyez pas tout, mais parfois c'est pas de tout repos pour elles) posant un trait par ci, une ombre par là. Tout ce petit monde travail en bonne intelligence.

  Et puis, il y a des jours comme aujourd'hui, où je n'arrive à rien, mon trait tremble, ma main se rebelle, rien ne me plais. En règle générale je laisse tomber, arrache, chiffonne, brûle, passe à autre chose et revient en des temps plus cléments. Mais là, je n'avais pas envie et pas le temps de laisser filer, j'ai forcé comme une mule, entêtée comme pas deux. J'ai passé tout mon temps libre à gribouiller, barbouiller, tracer, déchirer, recommencer. Je me suis même prise à redevenir très scolaire pour maîtriser le trait, les couleurs, les vides et les pleins. Mais rien à faire, ce n'est pas moi. J'ai besoin que ça bave, que ça dépasse, que ça hésite... En clair, que ce soit bien marqué, comme la vie nous marque. Et finalement, elle est venue à bout de moi, celle que j'ai baptisé "La Garce". 

Je vous souhaite un week-end tout en couleur et en réussite.