La tempête sous nos bottes.

 

Nous avons quittés la maison pour trois jours. Sans regarder la météo, sans se soucier le moins du monde de ce qui nous attendais. Mon atelier bien rangé au fond d'un sac, quelques livres pour les heures où les petits yeux fatiguent, et nos bottes en caoutchouc. 

Direction les bords de la Méditerranée. A force de temps et d'efforts, elle réussira à me séduire cette petite mer. Elle avait ce jour là, fait le gros dos juste pour nous. Bouffant la plage à pleine vague, répandant le bruit sourd de ce mariage unique entre le vent et l'eau.

Et du vent, nous sommes parvenus à nous en abrités, le temps de poser nos fesses dans le sable pour y fabriquer des volcans et des bonhommes de neige. Le temps de s'inventer des millier d'objets et d'animaux dans les morceaux de bois flottés que la mer avait laissé là.

Eux, ils avaient les joues rougies par les gifles d’Éole. Quelques courses simples et rapide. Ils grignotent leur morceau de pain pendant que leur père et moi choisissons des repas simples, que tout le monde aime. 
Puis l'appartement. Pièce de vie unique. Tous les meubles "d'avant" qui ont échoué ici, au milieu des coquillages et des palmiers pailletés, souvenirs d'une coupe de glace noyée de chantilly.
Un appartement de vacance avec sur la table une toile cirée aux couleurs et aux symboles marins. Intemporel en somme.

Ici, ils sont bien. Nous évoluons tous dans la même pièce de vie. Un gros carton sert de caisse de jouets. On entend un peu la musique de la voisine, pour me venger, avec humour, je balance du Joe Dassin. Les enfants rigolent, moi aussi.
Je nous trouve stupides parfois avec nos maisons immenses aux 10000 pièces, à nous agacer de voir les enfants toujours confinés dans l'espace où nous nous trouvons alors. Je me remet à rêver d'une tiny house, soudain, un bus aménagé, une toute petite chaumière en Bretagne... Mais pour l'instant c'est le marin qui souffle comme un dératé. Et la pluie qui est arrivée avec le soir. Mais avant demain il faut coucher ces petits saoulés de vent et d'embruns dans la minuscule chambre du haut. Heureux comme des papes de partager le même lit et de pouvoir se raconter des histoires dont eux seuls connaissent l'intrigue et la chute.

Nous, nous écoutons la tempête qui monte, en silence, en lisant quelques pages. Et bientôt le sommeil. Si demain il pleut nous irons au musée qui nous fait de l’œil, plus loin dans les terres. Puis à la piscine. Oui, celle avec son grand toboggan en tire-bouchon qui nous fait instantanément nous sentir comme des enfants de 5 ans. Et l'enfant de 5 ans, on ne contera pas le nombre de fois où il est monté au pas de courses pour se jeter dans ce tube en hurlant de bonheur et de trouille mêlée.

Au matin du troisième jour, ne reste que cette mer un peu marron pour rappeler la folie des deux derniers jours. La plage est réapparue, lissée comme une salle de bal. Et la où la mer s'est arrêtée, contrainte par un relief ou des roches, des tonnes de morceaux de bois, parfois des troncs entiers sont venus se perdre.
Mais la chasse au trésor ne s'arrête pas la, car là où les vagues déferlent aujourd'hui, c'est un désert de coquillages, petits et gros qui s'étend sur cette cote horizontale et sans fond. 

De ma poche, j'ai sorti un vieux sac plastique troué que petits et grands avons pris soin de remplier des trésors en forme de souvenir. Souvenir de ce dernier matin où le soleil nous caressait les joues, bercés par le ronron de la mer et la fraîcheur du sable sous nos doigts.

Avant de rentrer à la maison, la trop grande, mais l'adorée, où la table n'a pas de toile cirée et où nous n'entendons pas les voisins, pas plus que Joe Dassin d'ailleurs. Celle où j'ai mis toutes nos trouvailles dans la passoire, surprise de ne pas recevoir des coquillettes bouillantes, pour retirer les derniers grains de sable, avant d'étaler le tout sur la table de la cuisine, où nous nous sommes entassés pour contempler ce qu'il restait alors de nos trois jours d'échappée belle.

Ça, et les images qui ne se partagent qu'au creux des souvenirs communs.

...

Belle semaine.




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