Et marcher doucement vers un bonheur certain.


  J'ai ouvert la fenêtre, coupé la clim. Et alors, les cigales se sont mises à chanter.
Et alors, j'ai retrouvé le plaisir enfantin de faire jouer ma main contre la résistance opposée par le vent. Ma main, comme une aile, qui ondule dans l'air brulant de mon sud adoptif. Le vent qui chatouille les quelques mèches échappées de mon chignon dans un ballet capillaire aléatoire.

Percer la bulle. Oser. Recouvrir les murs d'un restaurant de toiles tout juste sèches. Faire vivre le projet qui sommeillait depuis plus de deux ans dans mon atelier. Parler, parler, parler. Parler en image de la bouche des femmes. De cet orifice mystérieux, sensuel, sexuel, porteur de milles messages au travers des siecles. Une histoire de transmission orale, de bouches en bouches, de générations en générations, de femmes en femmes.

Parce que les hommes se demanderons toujours :"que peuvent-elles bien se raconter ?", "Que peuvent-elles bien avoir à se dire ?". Et de loin en loin, je découvre à quel point les femmes sont essentielles entres elles, pour elles. Peut-être est-il mieux alors que les hommes ne découvrent jamais ce que cachent nos papotages de dinde !

Et pourtant, Dieu sait qu'elle peut être dure cette femme. Femelle menaçante, mère fouettarde, furie, mégère, peste, garce, sorcière. Ah oui, relire "les métamorphoses" d'Ovide pour replonger aux origines de toutes ces expressions qu'on colporte dans la plus grande ignorance de leurs origines.

Et de ma bouche de femme sortent des mots sereins qui tombent dans les oreilles des hommes que j'aime. Mes époux. Mes amours. A tant faire la lecture à mes enfants, j'en ai oublié de la faire à mon mari. Qu'a cela ne tienne, dans mes bagages de vacances se cachent des ouvrages que je brûle de partager avec lui. Juste pour que son souffle devienne plus profond, que sa fatigue nerveuse se dissipe pour laisser place à la fatigue pure et dure, celle récoltée au creux des vagues. Et que fauche le sommeil au milieu d'un chapitre de Pennac. Rien n'est grave, je reprendrais demain.

Je remarque, non sans joie, qu'à tenter de construire le bonheur, à ma façon, il ne m'arrive que des belles choses. La récolte est précoce est abondante. Les projets qui se clôturent sont couronnés de succès, les opportunités sont assez belles, et la fin de l'un laisse la place au bouillonnement impatient de l'autre.

C'est le paradoxe délicat entre cette patience, patience de recommencer à ouvrir les yeux sur tout ce qui m'entoure, petits détails fondamentalement insignifiants, et l'urgence de ne plus attendre, de passer au dessus de tout pour réaliser la moindre envie, le moindre souhait. Car si le bronzage s'écaille une fois la bise venue, les souvenirs réchauffent inlassablement au cours des quatre saisons. Encore faut-il le temps de s'appliquer à les appliqués.

C'est l'oeil rêveur de mon fils, ce sont les minuscules mains de ma fille qui palpitent sans cesse au train des découvertes de toute choses. Ce sont des messages au creux de la nuit qui animent mon sourire et mon intelligence, c'est le gout de sel dans ta barbe et tes yeux qui changent de teinte dès que tu es en bord de mer. C'est l'été, et je vais faire en sorte que ça dure !



2 commentaires:

  1. punaise mais que c'est beau
    que c'est encourageant...
    merci...

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    1. Oh qu'il est doux de lire ce genre de réaction...
      Tout le plaisir est pour moi !

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