Demain, parfois hier !


  Eux, ils ne peuvent pas savoir. Ils ne peuvent pas savoir que tes yeux changent de couleur suivant le coin du monde où tu es.
Ces yeux bleu, insondables, que ton père t'a refilé au détour d'une caresse ! Ils ne peuvent pas savoir non plus que la première fois que tu as ouvert les yeux et les 7 jours qui suivirent, tu fronçait le sourcil, constamment. Comme si la vie dehors te semblait louche. C'était drôle, c'était déjà beau.
Puis tes sourcils sont allés se percher à leur place initiale. Et voilà que ton air soupçonneux a cédé la place à la douceur de tes traits. Ils ne savent pas que depuis, tu souris, beaucoup. Petite joie. Ils ne savent pas la rondeur de tes joues quand, fatiguée, ton menton part de reposer sur la naissance de ton buste. Ils ne savent pas l'odeur qui se promène dans ta nuque, entre tes bouclettes blondes. Ils ne connaissent pas le rebond du coeur quand le rythme te séduits et que, petit château branlant, tu te mets à danser, sévèrement accrochée au meuble qui te tiens lieu de béquille pour tenir debout.

Ils ne savent pas l'intelligence que ton regard transpire et la vitesse a laquelle tes traits muent sous le joug des émotions qui te traversent.

Ils ne savent pas qu'aujourd'hui j'étais fatiguée, les traits tirés, les cernes lourdes. Ils ne savent pas qu'aujourd'hui j'aurais eu besoin d'être seule. Et toi, appuyée sur ton rebord de fenêtre, à regarder les tourterelles sur le fil...

Ils ne savaient rien, je ne savais pas. Je ne savais pas que le temps pouvait s'arrêter parfois, dans un battement de tes cils. Je ne savais même plus que le temps passait !

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